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Je conçus alors l’idée de me faire traiter par l’hypnotisme, mais la honte m’en empêcha. Je me dis alors que je devais être, au fond, un être lâche et bien faible pour avoir si peu de confiance en moi-même et je résolus sérieusement de supprimer mes désirs uranistes. En même temps, je combattis par un régime rationnel ma nervosité. Je faisais des parties de canot ; je fréquentais la salle d’armes, je marchais beaucoup en plein air, et j’eus la joie, en me réveillant un matin, de me trouver comme un homme tout à fait transformé. Quand je pensais à mon passé entre vingt et vingt-six ans, il me semblait que, pendant cette période, un homme tout à fait étranger et dégoûtant avait logé dans ma peau.

J’étais tout étonné que le plus bel écuyer, le camionneur de bière le plus vigoureux ne m’inspirassent plus aucun intérêt ; les musculeux tailleurs de pierres même me laissaient froid. J’avais du dégoût en pensant que de pareils gens avaient pu me sembler beaux. Ma confiance en moi-même s’augmente ; je suis très bon, c’est vrai, mais je suis d’un caractère foncièrement actif. Mon extérieur s’est continuellement amélioré depuis l’âge de vingt ans. J’ai maintenant l’air que comporte mon âge. J’ai, c’est vrai, des rechutes dans mes désirs uranistes, mais je les supprime avec énergie. Je ne satisfais mon libido que par le coït, et j’espère qu’en continuant ce genre de vie rationnel l’envie du coït s’accroîtra.


Ordinairement c’est la suggestion par un tiers et la suggestion provoquée par l’hypnose qui offrira des chances de succès.

Dans ces cas la suggestion posthypnotique doit désuggérer l’impulsion à la masturbation ainsi que les sentiments homosexuels, et, d’autre part, inculquer au malade la confiance dans sa puissance et lui donner des penchants hétérosexuels.

La condition première est naturellement la possibilité d’amener une hypnose suffisamment profonde. C’est précisément ce qui ne réussit pas souvent chez les neurasthéniques ; car ils sont trop excités, embarrassés, et peu en état de pouvoir concentrer leurs idées.

Ainsi dans un cas que j’ai rapporté (T. I, fascicule II, p. 58 de Internationale Centralblatt für die Physiologie und Patho-