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Il a fait le coït avec succès, mais sans plaisir et sans une véritable sensation de volupté. Par des circonstances particulières, il fut astreint à l’abstinence de sa vingt-deuxième à sa vingt-quatrième année. Il supporta péniblement cette abstinence, mais il se soulageait par-ci par-là par l’onanisme psychique.

Quand, il y a un an, il trouva de nouveau l’occasion de faire le coït, il s’aperçut que son libido pour la femme s’était affaibli, que l’érection était insuffisante et que l’éjaculation se produisait trop tôt. Finalement il renonça au coït. Alors il se manifesta chez lui du libido pour l’homme.

Étant donnée la faiblesse irritable de son centre d’éjaculation, le seul contact des hommes sympathiques suffisait pour provoquer chez lui un écoulement de sperme.

Le malade est fils unique. Des raisons de famille exigent qu’il conclue un mariage. Il a, à juste titre, des scrupules ; il se croit impuissant « imaginatif », et demande conseil et remède.

Il sait bien qu’il faudrait lui enlever ses penchants pour l’homme ; c’est le seul moyen de le secourir.

Il est d’un extérieur tout à fait viril. Le crâne est légèrement hydrocéphale. Barbe richement développée, parties génitales normales. Le réflexe crémastérien ne peut pas être provoqué. Aucun symptôme de neurasthénie. Œil névropathique. Pollutions rares. Érections seulement en présence des hommes sympathiques.

Le 16 juillet 1889, on a commencé à faire de l’hypnose selon la méthode de Bernheim, afin d’agir sur lui par suggestion. Ce n’est qu’à la troisième séance, le 18, qu’on a obtenu un profond engourdissement.

Suggestions : Vous n’avez plus d’affection pour l’homme. Seule la femme est belle et désirable. Vous aimerez une femme, vous l’épouserez, vous serez heureux, et vous la rendrez heureuse. Vous êtes tout à fait puissant. Vous le sentez déjà.

Le malade accepte toutes les suggestions dans l’hypnose qui est répétée chaque jour, mais qui ne dépasse jamais l’engourdissement. Le 22 juillet il annonce qu’il a fait le coït avec plaisir. Le garçon de l’hôtel où il demeure l’intéresse de moins en moins. Toutefois, il trouve toujours l’homme plus beau que la femme. Le 1er août on a dû interrompre le traitement. Résultat : puissance complète, indifférence totale pour le sexe masculin, et aussi pour le moment pour le sexe féminin.