Page:Krafft-Ebing - Psychopathia Sexualis, Carré, 1895.djvu/502

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Observation 161. – Homme de classe sociale supérieure, quarante-cinq ans, très aimé de tout le monde, sans tare, très estimé, d’une moralité rigoureuse, marié depuis quinze ans, ayant eu autrefois des rapports sexuels normaux, père de plusieurs enfants bien portants, vivant de la meilleure vie conjugale, eut, il y a huit ans, une peur terrible. À la suite de cet incident il eut pendant plusieurs semaines une oppression angoissante, des palpitations de cœur. Ensuite vinrent des accès singuliers à des intervalles de plusieurs mois et même d’une année, accès que le malade appelle son « rhume de cerveau moral ». Il perd le sommeil ; au bout de trois jours perte de l’appétit, irritation d’humeur croissante, air troublé, regard fixe, regarde devant lui un point fixe, grande pâleur alternant avec la rougeur, tremblement des doigts, yeux rouges et luisants avec une expression singulière de lubricité, langage violent et précipité. Impulsion pour les petites filles de cinq à dix ans, même ses propres filles. Prière adressée à sa femme de mettre ses filles en sûreté. Dans cet état, le malade se renferme dans sa chambre pendant des jours entiers. Autrefois il avait l’obsession de guetter dans les rues les petites filles sortant de l’école, et il éprouvait une satisfaction particulière iis præsentibus genitalia nudare, se mingentem fingens[ws 1].

De crainte de scandale il se renferme dans sa chambre, médite en silence, incapable de mouvement, de temps en temps tourmenté par des idées angoissantes. La conscience ne semble pas être troublée. Durée des accès : huit à quatorze jours. Causes du retour inexplicables. Amélioration subite ; grand besoin de dormir ; après la satisfaction de ce besoin, il se sent très bien. Dans l’intervalle rien d’anormal. Anjel suppose l’existence d’une base épileptique, et il considère les accès comme l’équivalent psychique d’une crise épileptique.


MANIE

La sphère sexuelle participe aussi souvent à l’excitation générale qui existe dans ce cas dans la sphère psychique.

Chez les maniaques du sexe féminin, c’est même la règle. Dans certains cas isolés, on peut se demander si l’instinct est réellement accentué, et s’il ne se manifeste pas seulement avec brutalité, ou bien s’il existe réellement une augmen-

  1. à exhiber son sexe nu et à uriner en se tripotant