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niste en tant que le paragraphe en question n’est interprété que dans le sens d’une pédérastie effective et qu’il faut tenir compte et de l’anomalie psychico-somatique établie par une expertise exacte et de l’examen individuel de la question de culpabilité.

De lege ferenda[ws 1] les uranistes désirent avant tout la suppression de ce paragraphe. La législateur n’y consentira pas facilement, car il pense que la pédérastie est plus souvent un vice abominable que la suite d’une infirmité physique et mentale, que beaucoup d’uranistes, bien que contraints à pratiquer des actes sexuels sur des personnes de leur propre sexe, ne sont nullement forcés de se livrer à la vraie pédérastie, acte sexuel que l’on a considéré de tout temps comme cynique et dégoûtant et même nuisible, quand elle est passive. Mais le législateur de l’avenir devrait cependant mûrement peser si, pour des raisons d’utilité (difficultés d’établir la culpabilité, prétextes aux chantages les plus vils, etc.), il ne serait pas opportun de supprimer dans les Codes les poursuites judiciaires contre l’amour entre hommes.

Les raisons que j’invoque moi-même pour la suppression de ce paragraphe du Code sont les suivantes :

1o Les délits prévus dans la législation prennent d’habitude leur origine dans une prédisposition morbide de l’âme.

2o Seul un examen médical très minutieux peut différencier les cas de simple perversité de ceux de perversion morbide. Mais du moment où l’on requiert judiciairement contre l’individu, celui-ci est déjà perdu au point de vue social.

3o La plupart de ces uranistes sont non seulement atteints de perversion, mais ont encore le malheur d’avoir un instinct développé avec une vigueur anormale. En cédant à leur instinct génital, ils se trouvent donc directement sous le coup d’une contrainte physique.

4o Pour beaucoup d’entre eux, ce genre de satisfaction ne paraît nullement contre nature ; au contraire, pour eux, c’est la façon naturelle, et celle qui est admise par la loi, qui est contre

  1. en ce qui concerne la loi souhaitée