Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/188

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c’est en saccageant, il y a à peine cinquante ans, les manufactures, que les ouvriers anglais ont obtenu le droit de s’associer et de faire grève. C’est en assommant, avec les barres des grilles de Hyde-Park, la police qui en défendait l’accès, que le peuple de Londres, tout récemment encore, a affirmé contre un ministère constitutionnel, son droit de manifester dans la rue et les parcs de la capitale. Ce n’est pas par des joutes parlementaires, c’est par l’agitation extra-parlementaire, c’est en mettant sur pied cent mille hommes qui grognent et hurlent devant les maisons de l’aristocratie ou du ministère, que la bourgeoisie anglaise défend ses libertés. Quant au Parlement, s’il empiète continuellement sur les droits politiques du pays, et il les supprime d’un trait de plume, tout comme un roi, dès qu’il ne trouve pas devant soi une masse prête à s’ameuter. Que sont devenus, en effet, l’inviolabilité du domicile et le secret des lettres, dès que la bourgeoisie a préféré y renoncer, afin d’obtenir du gouvernement un simulacre de protection contre les révolutionnaires ?

Attribuer aux parlements ce qui est dû au progrès général, imaginer qu’il suffira d’une Constitution pour avoir la liberté, c’est pécher contre les règles les plus élémentaires du jugement historique.




D’ailleurs, la question n’est pas là. Il ne s’agit pas de savoir si le régime représentatif n’offre pas quelques avantages sur le règne d’une valetaille exploitant à son profit les caprices d’un maître absolu. S’il s’est introduit en Europe, c’est qu’il correspondait mieux