Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


IV


Si on étudie les millions de lois qui régissent l’humanité, on s’aperçoit aisément qu’elles peuvent être subdivisées en trois grandes catégories : Protection de la propriété, protection du gouvernement, protection des personnes. Et, en analysant ces trois catégories, on en arrive à l’égard de chacune d’elles à cette conclusion logique et nécessaire : Inutilité et nocivité de la Loi.

Pour la protection de la propriété, les socialistes savent ce qu’il en est. Les lois sur la propriété ne sont faites pour garantir ni à l’individu, ni à la société la jouissance des produits de leur travail. Elles sont faites, au contraire, pour dérober au producteur une partie de ce qu’il produit et pour assurer à quelques-uns la part des produits qu’ils ont dérobés, soit aux producteurs, soit à la société entière. Lorsque la loi établit les droits de Monsieur un tel sur une maison, par exemple, elle établit son droit, non pas sur une cabane qu’il aurait bâtie lui-même, ou sur une cabane qu’il aurait élevée avec le secours de quelques amis, — personne ne lui aurait disputé ce droit s’il en était ainsi. La loi, au contraire, établit ses droits sur une maison qui n’est pas le produit de son travail, d’abord, parce qu’il l’a fait bâtir par d’autres, auxquels il n’a pas payé toute la valeur de leur travail, et ensuite — parce que cette maison représente une valeur sociale qu’il n’a pu produire à lui seul : la loi établit ses