Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/249

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Non seulement les anarchistes, mais aussi bien les bourgeois plus ou moins révolutionnaires, sont d’accord en ceci, que le seul usage que l’on puisse faire de toutes les lois concernant l’organisation du gouvernement, — c’est d’en allumer un feu de joie.




Reste la troisième catégorie de lois, la plus importante, puisque c’est à elle que s’attachent le plus de préjugés : les lois concernant la protection des personnes, la punition et la prévention des « crimes ». En effet, cette catégorie est la plus importante, parce que si la Loi jouit d’une certaine considération, c’est qu’on croit ce genre de lois absolument indispensables pour la sécurité de l’individu dans la société. Ce sont ces lois qui se sont développées autour du noyau de coutumes utiles aux sociétés humaines et qui furent exploitées par les dominateurs pour sanctionner leur domination. L’autorité des chefs de tribus, des familles riches des communes et du roi s’appuyait sur les fonctions de juges qu’ils exerçaient ; et jusqu’à présent encore, chaque fois que l’on parle de la nécessité du gouvernement, c’est sa fonction de juge suprême que l’on sous-entend. — « Sans gouvernement, les hommes s’égorgeraient entre eux ! » dit le raisonneur de village. — « Le but final de tout gouvernement est de donner douze honnêtes jurés à chaque inculpé », — disait Burke.

Eh bien, malgré tous les préjugés existant à ce sujet, il est bien temps que les anarchistes disent hautement que cette catégorie de lois est aussi inutile et aussi nuisible que les précédentes.