Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rons que la Loi et la pénalité sont des abominations qui doivent cesser d’exister.

D’ailleurs, les peuples non-policés et, partant moins imbus de préjugés autoritaires, ont parfaitement compris que celui que l’on nomme un « criminel », est tout bonnement un malheureux ; qu’il ne s’agit pas de le faire fouetter, de l’enchaîner ou de le faire mourir sur l’échafaud ou en prison, mais qu’il faut le soulager par les soins les plus fraternels, par un traitement égalitaire, par la pratique de la vie entre honnêtes gens. Et nous espérons que dans la prochaine révolution éclatera ce cri :

« Brûlons les guillotines, démolissons les prisons, chassons le juge, le policier, le délateur — race immonde s’il en fût jamais sur la terre, — traitons en frère celui qui aura été porté par la passion à faire du mal à son semblable ; par-dessus tout ôtons aux grands criminels, à ces produits ignobles de l’oisiveté bourgeoise, la possibilité d’étaler leurs vices sous des formes séduisantes ; — et soyons sûrs que nous n’aurons plus que très peu de crimes à signaler dans notre société. Ce qui maintient le crime (outre l’oisiveté), c’est la Loi et l’Autorité : la loi sur la propriété, la loi sur le gouvernement, la loi sur les peines et délits, et l’Autorité qui se charge de faire ces lois et de les appliquer. »

Plus de lois, plus de juges ! La Liberté, l’Égalité et la pratique de la Solidarité sont la seule digue efficace que nous puissions opposer aux instincts anti-sociables de certains d’entre nous.