Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/297

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d’autres encore vont jusqu’à se déclarer prêts à renoncer pour le moment à leurs privilèges, afin d’apaiser l’esprit de révolte, quitte à le maîtriser plus tard. La cohésion du gouvernement et des privilégiés est rompue.

Les classes dirigeantes peuvent essayer encore de recourir à une réaction furieuse. Mais ce n’est plus le moment ; la lutte n’en devient que plus aiguë, et la Révolution qui s’annonce n’en sera que plus sanglante. D’autre part, la moindre des concessions de la part des classes dirigeantes, puisqu’elle arrive trop tard, puisqu’elle est arrachée par la lutte, ne fait que réveiller davantage l’esprit révolutionnaire. Le peuple qui, auparavant, se serait contenté de cette concession, s’aperçoit que l’ennemi fléchit : il prévoit la victoire, il sent croître son audace, et ces mêmes hommes qui jadis, écrasés par la misère, se contentaient de soupirer en cachette, relèvent maintenant la tête et marchent fièrement à la conquête d’un meilleur avenir.

Enfin, la révolution éclate, d’autant plus violente que la lutte précédente a été plus acharnée.




La direction que prendra la révolution dépend certainement de toute la somme des circonstances variées qui ont déterminé l’arrivée du cataclysme. Mais elle peut être prévue à l’avance, d’après la force d’action révolutionnaire déployée dans la période préparatoire par les divers partis avancés.

Tel parti aura mieux élaboré les théories qu’il préconise et le programme qu’il cherche à réaliser, il