Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/49

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nelle réduite à ce qu’elle est en Turquie. Tout esclaves du capital que nous sommes, nous voulons pouvoir écrire et publier ce que bon nous semble, nous voulons pouvoir nous réunir et nous organiser comme il nous plaira, — précisément pour secouer le joug du capital.

Mais il est bien temps de comprendre que ce n’est pas aux lois constitutionnelles qu’il faut demander ces droits. Ce n’est pas dans une loi, — dans un morceau de papier, qui peut être déchiré à la moindre fantaisie des gouvernants, — que nous irons chercher la sauvegarde de ces droits naturels. C’est seulement en nous constituant comme force, capable d’imposer notre volonté, que nous parviendrons à faire respecter nos droits.

Voulons-nous avoir la liberté de dire et d’écrire ce que bon nous semblera ? Voulons-nous avoir le droit de nous réunir et de nous organiser ? — Ce n’est pas à un parlement que nous devons aller en demander la permission ; ce n’est pas une loi que nous devons mendier au Sénat. Soyons une force organisée, capable de montrer les dents chaque fois que n’importe qui s’avise de restreindre notre droit de parole ou de réunion ; soyons forts, et nous pourrons être sûrs que personne n’osera venir nous disputer le droit de parler, d’écrire, d’imprimer, de nous réunir. Le jour où nous aurons su établir assez d’entente entre les exploités pour sortir au nombre de plusieurs milliers d’hommes dans la rue et prendre la défense de nos droits, personne n’osera nous disputer ces droits, ni bien d’autres encore que nous saurons revendiquer. Alors, mais seulement alors, nous aurons acquis ces droits, que nous pourrions vainement