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AUX JEUNES GENS




I


C’est aux jeunes gens que je veux parler aujourd’hui. Que les vieux — les vieux de cœur et d’esprit, bien entendu — mettent donc le volume de côté, sans se fatiguer inutilement les yeux à une lecture qui ne leur dira rien.

Je suppose que vous approchez des dix-huit ou vingt ans ; que vous finissez votre apprentissage ou vos études ; que vous allez entrer dans la vie. Vous avez, je le pense, l’esprit dégagé des superstitions qu’on a cherché à vous inculquer : vous n’avez pas peur du diable et vous n’allez pas entendre déblatérer les curés et pasteurs. Qui plus est, vous n’êtes pas un de ces gommeux, tristes produits d’une société au déclin, qui promènent sur les trottoirs leurs pantalons mexicains et leurs faces de singe et qui déjà à cet âge n’ont