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Page:Kropotkine — Paroles d'un Révolté.djvu/56

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ne jamais vous trouver parmi les misérables. Mais si vous êtes « un homme », si chaque sentiment se traduit chez vous par un acte de volonté, si la bête en vous n’a pas tué l’être intelligent, alors, vous reviendrez un jour chez vous en disant : « Non, c’est injuste, cela ne doit pas traîner ainsi. Il ne s’agit pas de guérir les maladies, il faut les prévenir. Un peu de bien-être et de développement intellectuel suffiraient pour rayer de nos listes la moitié des malades et des maladies. Au diable les drogues ! De l’air, de la nourriture, un travail moins abrutissant, c’est par là qu’il faut commencer. Sans cela, tout ce métier de médecin n’est qu’une duperie et un faux-semblant ».

Ce jour-là vous comprendrez le socialisme. Vous voudrez le connaître de près, et si l’altruisme n’est pas pour vous un mot vide de sens, si vous appliquez à l’étude de la question sociale la sévère induction du naturaliste, vous finirez par vous trouver dans nos rangs, et vous travaillerez, comme nous, à la révolution sociale.




Mais, peut-être direz-vous : « Au diable la pratique ! Comme l’astronome, le physicien, le chimiste, consacrons-nous à la science pure. Sera-ce simplement la jouissance — certainement immense — que nous donnent l’étude des mystères de la nature et l’exercice de nos facultés intellectuelles ? Dans ce cas-là, je vous demanderai en quoi le savant qui cultive la science pour passer agréablement sa vie diffère de cet ivrogne qui, lui aussi, ne cherche dans la vie que la jouissance immédiate et qui la trouve dans le vin ? Le