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Kropotkine dans le préau de la maison centrale et d’échanger un salut avec lui sans se demander : « Et moi, pourquoi donc suis-je libre ? Serait-ce peut-être parce que je ne le vaux pas ? »

Toutefois les lecteurs de ce livre ont moins à s’occuper de la personne de l’auteur que de la valeur des idées qu’il expose. Ces idées, je les soumets avec confiance aux hommes droits qui ne formulent pas leur jugement sur un ouvrage avant de l’avoir ouvert, sur une opinion avant de l’avoir entendue. Faites table rase de vos préjugés, apprenez à vous dégager temporairement de vos intérêts, et lisez ces pages en cherchant simplement la vérité sans vous préoccuper actuellement de l’application. L’auteur ne vous demande qu’une chose, de partager pour un moment son idéal, le bonheur de tous, non celui de quelques privilégiés. Si ce désir, si fugitif qu’il soit, est vraiment sincère, et non pas un pur caprice de votre fantaisie, une image qui passe devant vos yeux, il est probable que vous serez bientôt d’accord avec l’écrivain. Si vous partagez ses vœux, vous comprendrez ses paroles. Mais vous savez d’avance que ces idées ne vous mèneront point aux honneurs ; elles ne seront jamais récompensées par une place à gros appointements ; peut-être vous attireront-elles plutôt la méfiance de vos anciens amis, ou quelque coup