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IV


Il m’a fallu trois longs chapitres pour démontrer aux jeunes gens des classes aisées qu’en présence du dilemme que leur posera la vie, ils seront forcés, s’ils sont courageux et sincères ; de venir se ranger avec les socialistes et d’embrasser avec eux la cause de la révolution sociale. Cette vérité est cependant si simple ! Mais, en parlant à ceux qui ont subi l’influence du milieu bourgeois, que de sophismes à combattre, que de préjugés à vaincre, que d’objections intéressées à écarter !

Il m’est facile d’être plus court en vous parlant, jeunes gens du peuple. La force même des choses vous pousse à devenir socialistes, pour peu que vous ayez le courage de raisonner et d’agir en conséquence. En effet, le socialisme moderne est sorti des profondeurs même du peuple. Si quelques penseurs, issus de la bourgeoisie, sont venus lui apporter la sanction de la science et l’appui de la philosophie, le fond des idées qu’ils ont énoncées n’en est pas moins un produit de l’esprit collectif du peuple travailleur. Ce socialisme rationnel de l’Internationale, qui fait aujourd’hui notre meilleure force, n’a-t-il pas été élaboré dans les organisations ouvrières, sous l’influence directe des masses ? Et les quelques écrivains qui ont prêté leur concours à ce travail d’élaboration, ont-ils fait autre chose que de