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de la finance : « Troisième Schneider, dixième d’Anzin, vingtième Rotschild. » On saurait du moins pour qui on égorge.




Ouvrir de nouveaux marchés, imposer ses marchandises, bonnes ou mauvaises, — voilà le fond de toute la politique actuelle, européenne et continentale, — la vraie cause des guerres du dix-neuvième siècle.

Au siècle passé, l’Angleterre fut la première à inaugurer le système de la grande industrie pour l’exportation. Elle entassa ses prolétaires dans les villes, les attela à des métiers perfectionnés, centuplant la production, et commença à accumuler dans ses magasins des montagnes de produits. Mais ces marchandises n’étaient pas destinés aux va-nu-pieds qui les fabriquaient. Payés juste de quoi vivoter et se multiplier, que pouvaient acheter ceux qui tissaient les cotonnades et les laines ? Et les vaisseaux anglais partaient pour sillonner l’Océan, cherchant des acheteurs sur le continent européen, en Asie, en Océanie, en Amérique, sûrs de ne pas trouver de concurrents. La misère, une misère noire, régnait dans les villes, mais le fabriquant, le négociant, s’enrichissaient à vue d’œil ; les richesses soutirées à l’étranger s’accumulaient entre les mains du petit nombre, et les économistes du continent d’applaudir, d’inviter leurs compatriotes à suivre le même exemple.

Mais, déjà à la fin du siècle passé, la France commençait à faire la même évolution. Elle, aussi, s’organisait pour produire en grand en vue de l’exportation. La Révolution, en transférant le pouvoir, en refoulant vers