Page:Kropotkine - L’Anarchie, sa philosophie, son idéal.djvu/48

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connaître. Un jour d’élection nous nous rencontrons dans des meetings ; nous y écoutons les professions de foi mensongères ou fantaisistes d’un candidat, et nous rentrons chez nous. L’État a la charge de toutes les questions d’intérêt public ; lui seul a pour fonction de veiller à ce que nous ne lésions pas l’intérêt de notre prochain et, le cas échéant, à réparer le mal en nous châtiant.

Votre voisin peut mourir de faim, ou assommer ses enfants, — cela ne vous regarde pas ; c’est l’affaire de la police. Vous vous connaissez à peine, rien ne vous unit, tout tend à vous aliéner l’un à l’autre et, ne trouvant pas mieux, vous demandez au Tout-Puissant (jadis c’était un dieu, aujourd’hui c’est l’État) de faire son possible pour empêcher les passions antisociales d’atteindre leurs dernières limites.

Dans une société communiste, cela change forcément. L’organisation du communisme ne peut être confiée à des corps législatifs, qu’ils s’appellent parlements, conseils municipaux, ou conseils communaux. Elle doit être l’œuvre de tous, un produit du génie constructif de la grande masse ; le communisme ne peut être imposé, il ne vivrait pas si le concours constant, journalier de tous ne le maintenait. Il étoufferait dans une atmosphère d’autorité.

Conséquemment, il ne peut exister sans créer un contact continuel entre tous pour les mille et mille affaires communes ; il ne peut vivre sans créer la vie locale, indépendante dans les plus petites unités — la rue, le pâté de maisons, le quartier, la commune. Il ne répondrait pas à son but s’il ne couvrait la société d’un réseau de milliers d’associations pour satisfaire les mille besoins de luxe, d’étude, de jouissance, d’amusements,