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cette évolution. Elle n’est qu’une des branches de la philosophie nouvelle qui s’annonce.




Prenez n’importe quel ouvrage d’astronomie de la fin du siècle passé ou du commencement du nôtre. Vous n’y trouverez plus, cela va sans dire, notre petite planète placée au centre de l’univers. Mais vous y rencontrerez à chaque pas l’idée d’un astre central immense — le Soleil, — qui par son attraction puissante gouverne notre monde planétaire. De cet astre central rayonne une force qui guide la marche de ses satellites et maintient l’harmonie du système. Issues d’une agglomération centrale, les planètes n’en sont pour ainsi dire que des bourgeons. À cette agglomération, elles doivent leur naissance ; à l’astre radiant qui la représente encore, elles doivent tout : le rhythme de leurs mouvements, leurs orbites savamment espacées, la vie qui les anime et orne leur surface. Et lorsque des perturbations quelconques viennent troubler leur marche et les font dévier de leurs orbites, l’astre central rétablit l’ordre dans le système ; il en assure, il en perpétue l’existence.

Cette conception s’en va aussi comme s’en est allée l’autre. Après avoir porté toute son attention sur le Soleil et les grandes planètes, l’astronome se met à l’étude des infiniment petits qui peuplent l’univers. Et il découvre que les espaces interplanétaires et interstellaires sont peuplés et sillonnés dans toutes les directions imaginables de petits essaims de matière, invisibles, infimes quand on les prend séparément, mais tout-puissants par leur nombre. Parmi ces masses, les unes, comme ce bolide qui l’autre jour semait la terreur