Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/118

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traitait bien, ils exprimèrent leur reconnaissance par un attachement des plus touchants à cet homme[1]. Burchell et Moffat les représentent tous deux comme des êtres bons, désintéressés, fidèles à leurs promesses et reconnaissants[2], qualités qui ne peuvent se développer que si elles sont pratiquées dans une société étroitement unie. Quant à leur amour pour leurs enfants, il suffit de dire que quand un Européen désirait s’emparer d’une femme Bushman comme esclave, il volait son enfant : il était sûr que la mère viendrait se faire esclave pour partager le sort de son enfant[3].

Les mêmes mœurs sociales caractérisent les Hottentots, qui ne sont qu’à peine plus développés que les Bushmen. Lubbock les décrit comme « les plus sales animaux », et en effet ils sont sales. Une fourrure suspendue à leur cou et portée jusqu’à ce qu’elle tombe en lambeaux compose tout leur vêtement ; leurs huttes ne sont que quelques pieux assemblés et recouverts de nattes ; aucune espèce de meubles à l’intérieur. Bien qu’ils possédassent des bœufs et des moutons, et qu’ils semblent avoir connu l’usage du fer avant la venue des Européens, ils occupent encore un des degrés les plus bas de l’échelle de l’humanité. Et cependant ceux qui les ont vus de près louent hautement leur sociabilité et leur empressement à s’aider les uns les autres. Si l’on donne quelque chose à un Hottentot, il le partage immédiatement avec tous ceux qui sont présents — c’est cette habitude, on le sait, qui a tant frappé Dar-

  1. Lichtenstein, Reisen im Südlichen Africa, II, PP. 92-97.
  2. Waitz, Anthropologie der Naturvölker, II, p. 335 et suivantes. Voir aussi Fritsch, Die Eingeborenen Africas, Breslau, 1872, p. 383 et suiv. ; et Drei Jahre in Süd Africa. Aussi W. Bleck, A Brief Account of Bushmen Folklore, Capetown, 1875.
  3. Élisée Reclus, Géographie universelle, XIII