Aller au contenu

Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les institutions communales se retrouvent bien vivantes, dans beaucoup de parties de la France, de la Suisse, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Scandinavie et de l’Espagne, pour ne rien dire de l’Est de l’Europe. Dans toutes ces contrées, la vie des villages reste imprégnée d’habitudes et de coutumes communales ; et presque chaque année la littérature de ces pays est enrichie d’œuvres sérieuses traitant de ce sujet et de ceux qui s’y rattachent. Il me faut donc limiter mes exemples aux plus typiques. La Suisse est incontestablement un des meilleurs. Non seulement les cinq républiques d’Uri, Schwytz, Appenzell, Glaris et Unterwald conservent une partie considérable de leurs terres en propriétés indivises et sont gouvernées par leurs assemblées populaires, mais aussi dans les autres cantons les communes villageoises sont restées en possession d’une large autonomie, et des parties considérables du territoire fédéral restent encore propriété communale[1]. Les deux tiers de toutes les prairies alpestres et les deux tiers de toutes les forêts de la Suisse sont jusqu’à aujourd’hui terres communales ; et un grand nombre de champs, de vergers, de vignobles, de tourbières, de carrières, etc., sont possédés par les communes. Dans le canton de Vaud, où les chefs de famille

  1. En Suisse aussi les terres non clôturées des paysans tombèrent sous la domination des seigneurs, et de grandes parties de leurs biens furent saisies par les nobles au XVIe et au XVIIe siècles (voir par exemple D, A. Miaskowski, dans Schmoller, Forschungen, vol. II, 1879, p. 12 et suiv ). Mais la guerre des paysans en Suisse ne se termina pas par une défaite écrasante des paysans, comme dans d’autres pays, et une grande partie des droits communaux et des terres communales leur fut conservée. L’autonomie des communes est, en effet, le fondement même des libertés suisses. — « L’Ober-Allmig » du canton de Schwytz comprend 18 paroisses et plus de 30 villages et hameaux séparés (K. Bürkli, Der Ursprung der Eidgenossenschaft aus der Markgenossenschaft. Zürich, 1891).