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CONCLUSION


Si maintenant nous envisageons les enseignements qui peuvent être tirés de l’analyse de la société moderne, en les rattachant à l’ensemble des témoignages relatifs à l’importance de l’entr’aide dans l’évolution du monde animal et de l’humanité, nous pouvons résumer notre enquête de la manière suivante.

Dans le monde animal nous avons vu que la grande majorité des espèces animales vivent en sociétés, et qu’elles trouvent dans l’association leur meilleure arme pour la « lutte pour la vie », comprise, bien entendu, dans le sens large de Darwin — non comme une lutte pour les simples moyens d’existence, mais comme une lutte contre toutes les conditions naturelles défavorables à l’espèce. Les espèces animales dans lesquelles la lutte individuelle a été réduite à ses plus étroites limites, et où l’habitude de l’entr’aide a atteint le plus grand développement, sont invariablement les nombreuses, les plus prospères et les plus ouvertes au progrès. La protection mutuelle obtenue de cette façon, la possibilité d’atteindre à un âge avancé et d’accumuler de l’expérience, un état intellectuel plus avancé, et le développement d’habitudes de plus en plus sociales, assurent la conservation de l’espèce, son extension et son évolution progressive. Les espèces non sociables, au contraire, sont condamnées à dépérir.