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— « des dispositions sociales à un degré éminent », quoique « les habitudes sociales soient contrecarrées chez eux par les conditions d’une vie qui leur rend la solitude nécessaire. » Ils ne peuvent se réunir en grandes associations pour couver comme les oiseaux de mer, parce qu’ils se nourrissent des insectes des arbres et il leur faut explorer séparément chaque arbre — ce qu’ils font avec un grand soin, chacun pour soi ; mais continuellement ils s’appellent les uns les autres dans les bois « conversant ensemble à de grandes distances » ; et ils s’associent pour former ces « bandes voyageuses » qui sont bien connues par la description pittoresque de Bates. Hudson, de son côté, pense « que dans toute l’Amérique du Sud les Dendrocolaptidæ sont les premiers à s’unir pour agir de concert, et que les oiseaux des autres familles les suivent et s’associent avec eux, sachant par expérience qu’ils pourront ainsi se procurer un riche butin. » Il est à peine besoin d’ajouter qu’Hudson loue hautement aussi leur intelligence. La sociabilité et l’intelligence vont toujours de pair.


VII.- Origine de la famille.

(Page 94).


Au moment où j’écrivais le chapitre sur les sauvages un certain accord semblait s’être établi parmi les anthropologistes touchant l’apparition relativement tardive, dans les institutions humaines, de la famille patriarcale, telle que nous la voyons chez les Hébreux, ou dans la Rome impériale. Cependant on a publié depuis des ouvrages dans lesquels on conteste les idées soutenues par Bachofen et Mac Lennan, systématisées particulièrement par Morgan et ultérieurement développées et confirmées par Post, Maxim Kovalevsky et Lubbock. Les plus importants de ces ouvrages sont celui du professeur danois, C. N. Starcke (La Famille primitive, 1889), et celui du professeur d’Helsingfors, Edward Westermarck (The History of human Marriage, 1891 ; 2e édition, 1894). Ainsi il est arrivé la