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Stadt in ihrem rechtlichen Verhältnis, Leipzig, 1890) Rietschel a développé l’idée que l’origine des communes allemandes du moyen âge doit être cherchée dans le marché. Le marché local, placé sous la protection d’un évêque, d’un monastère ou d’un prince, groupait toute une population de commerçants et d’artisans, mais non une population d’agriculteurs. La division habituelle des villes en sections, rayonnant autour de la place du marché et peuplées d’artisans de différents métiers, en est une preuve : ces sections formaient généralement la Vieille Ville, tandis que la Nouvelle Ville était un village rural appartenant au prince ou au roi. Les deux villes étaient régies par des lois différentes.

Il est certain que le marché a joué un rôle important dans le développement primitif de toutes les cités du moyen âge, contribuant à accroître la richesse des citoyens et leur donnant des idées d’indépendance ; mais, comme l’a fait remarqué Carl Hegel — l’auteur bien connu d’un très bon ouvrage général sur les cités allemandes du moyen âge (Die Entstehung des deutschen Städtewesens, Leipzig, 1898) la loi de la ville n’est pas la loi du marché, et la conclusion de Hegel est que la cité du moyen âge a eu une double origine (ce qui confirme les opinions émises dans ce livre). On y trouve « deux populations vivant côte à côte : l’une rurale et l’autre purement urbaine » ; c’est la population rurale, qui d’abord vivait sous l’organisation de l’Almende, ou commune villageoise, qui se trouve incorporée dans la cité.

En ce qui concerne les guildes marchandes, l’ouvrage de Herman van den Linden (Les guildes marchandes dans les Pays Bas au moyen âge, Gand 1896 ; dans le Recueil de Travaux publiés par la faculté de Philosophie et Lettres) mérite une mention spéciale. L’auteur retrace le développement graduel de leur pouvoir politique et l’autorité qu’elles acquirent peu à peu sur la population industrielle, particulièrement sur les drapiers, et il décrit la ligue formée par les artisans pour s’opposer à ce pouvoir croissant. L’idée qui est développée plus haut, dans le texte, concernant l’apparition de la guilde marchande à une pé-