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VI


Mais revenons à notre cité révoltée, et voyons dans quelles conditions elle devra pourvoir à son entretien.

Où prendre les denrées nécessaires, si la nation entière n’a pas encore accepté le communisme ? Telle est la question qui se pose.

Prenons une grande ville française, la capitale, si l’on veut. Paris consomme chaque année des millions de quintaux de céréales, 350,000 bœufs et vaches, 200,000 veaux, 300,000 porcs, et plus de deux millions de moutons, sans compter les animaux abattus. Il faut encore à ce Paris quelque chose comme huit millions de kilos de beurre et 172 millions d’œufs, et tout le reste dans les mêmes proportions.

Les farines et les céréales arrivent des États-Unis, de Russie, de Hongrie, d’Italie, d’Égypte, des Indes. Le bétail est amené d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, — voire même de Roumanie et de Russie. Quant à l’épicerie, il n’y a pas un pays au monde qui ne soit mis à contribution.

Voyons d’abord comment on pourrait s’arranger pour ravitailler Paris, ou toute autre grande cité, des produits qui se cultivent dans les campagnes françaises, et que les agriculteurs ne demandent pas mieux que de livrer à la consommation.

Pour les autoritaires, la question n’offre aucune difficulté. Ils introduiraient d’abord un gouvernement