des Conventionnels pour forcer les accapareurs à vendre le blé, ni les exécutions n’eurent raison de la grève. On sait cependant, que les commissaires de la Convention ne se gênaient pas pour guillotiner les accapareurs, ni le peuple pour les accrocher aux lanternes ; et cependant le blé restait dans les magasins, et le peuple des villes souffrait de la famine.
Mais qu’offrait-on aux cultivateurs des campagnes en échange de leurs rudes travaux ?
— Des assignats ! Des chiffons de papier dont la valeur tombait tous les jours ; des billets portant cinq cents livres en caractères imprimés, mais sans valeur réelle. Pour un billet de mille livres on ne pouvait plus acheter une paire de bottes ; et le paysan — cela se comprend — ne tenait nullement à échanger une année de labeur contre un morceau de papier qui ne lui aurait même pas permis d’acheter une blouse.
Et tant qu’on offrira au cultivateur du sol un morceau de papier sans valeur, — qu’il s’appelle assignat ou « bon de travail », — il en sera de même. Les denrées resteront à la campagne : la ville ne les aura pas, dût-on recourir de nouveau à la guillotine et aux noyades.
Ce qu’il faut offrir au paysan, ce n’est pas du papier, mais la marchandise dont il a besoin immédiatement. C’est la machine dont il se prive maintenant, à contre-cœur ; c’est le vêtement, un vêtement, qui le garantisse des intempéries. C’est la lampe et le pétrole qui remplace son lumignon ; la bêche, le râteau, la charrue. C’est enfin tout ce que le paysan se refuse aujourd’hui, — non pas qu’il n’en sente le besoin, — mais parce que dans son existence de privations et de