Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de chercher midi à quatorze heures, quand la solution est simple.

Il faut que les grandes villes cultivent la terre, aussi bien que le font les campagnes. Il faut revenir à ce que la biologie appellerait « l’intégration des fonctions ». Après avoir divisé le travail, il faut « intégrer » : c’est la marche suivie dans toute la Nature.

D’ailleurs, — philosophie à part — on y sera amené de par la force des choses. Que Paris s’aperçoive qu’au bout de huit mois il va se trouver à court de blé, — et Paris le cultivera.

La terre ? Elle ne manque pas. C’est surtout autour des grandes villes, — de Paris surtout — que se groupent les parcs et les pelouses des seigneurs, ces millions d’hectares qui n’attendent que le labeur intelligent du cultivateur pour entourer Paris de plaines autrement fertiles, autrement productives que les steppes couvertes d’humus, mais desséchées par le soleil, du midi de la Russie.

Les bras ? Mais à quoi voulez-vous que les deux millions de Parisiens et de Parisiennes s’appliquent quand ils n’auront plus à habiller et à amuser les princes russes, les boyards roumains et les dames de la finance de Berlin ?

Disposant de tout le machinisme du siècle ; disposant de l’intelligence et du savoir technique du travailleur fait à l’usage de l’outil perfectionné ; ayant à leur service les inventeurs, les chimistes et les botanistes, les professeurs du jardin des Plantes, les maraîchers de Gennevilliers, ainsi que l’outillage nécessaire pour multiplier les machines et en essayer de nouvelles ; ayant enfin l’esprit organisateur du peuple de Paris, sa gaieté de cœur, son entrain, —