Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/116

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partie de ce terrain ou le dernier des bâtiments, sans commettre une criante injustice ? Qui donc a le droit de vendre à qui que ce soit la moindre parcelle du patrimoine commun ?


Là-dessus, disons-nous, l’accord s’établit entre travailleurs. L’idée du logement gratuit s’est bien manifestée pendant le siège de Paris, lorsqu’on demandait la remise pure et simple des termes réclamés par les propriétaires. Elle s’est manifestée encore pendant la Commune de 1871, lorsque le Paris ouvrier attendait du Conseil de la Commune une décision virile sur l’abolition des loyers. Ce sera encore la première préoccupation du pauvre quand la Révolution aura éclaté.

En révolution ou non, il faut au travailleur un abri, un logement. Mais, si mauvais, si insalubre qu’il soit, il y a toujours un propriétaire qui peut vous en expulser. Il est vrai qu’en révolution le propriétaire ne trouvera pas d’huissier ou d’argousins pour jeter vos hardes dans la rue. Mais, qui sait si demain le nouveau gouvernement, tout révolutionnaire qu’il se prétende, ne reconstituera pas la force et ne lancera pas contre vous la meute policière ! On a bien vu la Commune proclamant la remise des termes dus jusqu’au 1er avril, — mais jusqu’au 1er avril seulement ![1] Après quoi il aurait fallu payer, lors même que Paris était sens dessus dessous, que l’industrie chômait, et que le révolutionnaire n’avait pour toute ressource que ses trente sous !

Il faut cependant que le travailleur sache qu’en ne

  1. Décret du 30 mars ; par ce décret remise était faite des termes d’octobre 1870, de janvier et d’avril 1871.