Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/138

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Mais ce mal durera tant que ce qui est nécessaire à la production sera la propriété de quelques-uns seulement. Tant que l’homme sera forcé de payer un tribut au détenteur pour avoir le droit de cultiver le sol ou de mettre une machine en mouvement, et que le propriétaire sera libre de produire ce qui lui promet les plus grands bénéfices plutôt que la plus grande somme des objets nécessaires à l’existence, le bien-être ne pourra être assuré que temporairement au très petit nombre, et sera acheté chaque fois par la misère d’une partie de la société. Il ne suffit pas, en effet, de distribuer à parts égales les bénéfices qu’une industrie parvient à réaliser, si l’on doit en même temps exploiter d’autres milliers d’ouvriers. Il s’agit de produire, avec la moindre perte possible de forces humaines, la plus grande somme possible des produits les plus nécessaires au bien-être de tous.

Cette vue d’ensemble ne saurait être du ressort d’un propriétaire privé. Et c’est pourquoi la société tout entière, la prenant pour idéal, sera forcée d’exproprier tout ce qui sert à procurer l’aisance en produisant les richesses. Il faudra qu’elle s’empare du sol, des usines, des mines, des moyens de communication, etc., et que, en outre, elle étudie ce qu’il faut produire dans l’intérêt de tous, ainsi que les voies et moyens de production.


II

— Combien d’heures de travail par jour l’homme