Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/159

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teurs, et ils sont innombrables, suffit à l’entretien de cette immense ménagerie.

Ce qui manque seulement au jardin zoologique de Londres et à d’autres sociétés du même genre, c’est que les contributions ne s’acquittent point par le travail volontaire ; c’est que les gardiens et très nombreux employés de cet immense établissement ne soient pas reconnus comme membres de la société ; c’est que d’aucuns n’aient d’autre mobile pour le devenir que pouvoir inscrire sur leurs cartes les initiales cabalistiques de F. Z. S. (membre de la Société Zoologique). En un mot ce qui fait défaut, c’est l’esprit de fraternité et de solidarité.


On peut dire pour les inventeurs en général ce que l’on a dit pour les savants. Qui ne sait au prix de quelles souffrances presque toutes les grandes inventions ont pu se faire jour ! Nuits blanches, privation de pain pour la famille, manque d’outils et de matières premières pour les expériences, c’est l’histoire de presque tous ceux qui ont doté l’industrie de ce qui fait l’orgueil, le seul juste, de notre civilisation.

Mais, que faut-il pour sortir de ces conditions que tout le monde s’accorde à trouver mauvaises ? On a essayé la patente et on en connaît les résultats. L’inventeur affamé la vend pour quelques francs, et celui qui n’a fait que prêter le capital empoche les bénéfices, souvent énormes, de l’invention. En outre, le brevet isole l’inventeur. Il l’oblige à tenir secrètes ses recherches, qui souvent n’aboutissent qu’à un tardif avortement ; tandis que la plus simple suggestion, venant d’un autre cerveau moins absorbé par l’idée fondamentale, suffit quelquefois pour féconder l’invention, et la rendre pratique. Comme toute au-