Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/199

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innombrables auxquelles l’armée allemande doit surtout sa force, qui ne dépend pas seulement de sa discipline, comme on le croit généralement. Ces sociétés pullulent en Allemagne et ont pour objectif de propager les connaissances militaires. À l’un des derniers congrès de l’Alliance militaire allemande (Kriegerbund), on a vu les délégués de 2452 sociétés, comprenant 151 712 membres, et toutes fédérées entre elles.

Sociétés de tir, sociétés de jeux militaires, de jeux stratégiques, d’études topographiques, voilà les usines où s’élaborent les connaissances techniques de l’armée allemande, non dans les écoles de régiment. C’est un formidable réseau de sociétés de toute sorte, englobant militaires et civils, géographes et gymnastes, chasseurs et techniciens, qui surgissent spontanément, s’organisent, se fédèrent, discutent et vont faire des explorations dans la campagne. Ce sont ces associations volontaires et libres qui font la vraie force de l’armée allemande.

Leur but est exécrable. C’est le maintien de l’empire. Mais, ce qu’il nous importe de relever, c’est que l’État, — malgré sa « grandissime » mission, l’organisation militaire, — a compris que le développement en serait d’autant plus certain qu’il serait abandonné à la libre entente des groupes et à la libre initiative des individus.

Même en matière de guerre, c’est à la libre entente qu’on s’adresse aujourd’hui, et pour confirmer notre assertion, qu’il nous suffise de mentionner les trois cent mille volontaires anglais, l’Association nationale anglaise d’artillerie et la Société en voie d’organisation pour la défense des côtes de l’Angleterre, qui, certes, si elle se constitue, sera autrement active