Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/218

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de lois beaucoup de crimes ! » — on l’a dit bien avant nous.


Ce n’est pas seulement dans les ateliers industriels que les choses se passent ainsi, cela se pratique partout, chaque jour, sur une échelle dont les rongeurs de livres, seuls, sont encore à se douter.

Quand une compagnie de chemin de fer, fédérée avec d’autres compagnies, manque à ses engagements, quand elle arrive en retard avec ses trains et laisse les marchandises en souffrance dans ses gares, les autres compagnies menacent de résilier les contrats et cela suffit d’ordinaire.

On croit généralement, du moins, on l’enseigne, — que le commerce n’est fidèle à ses engagements que sous la menace des tribunaux ; il n’en est rien. Neuf fois sur dix, le commerçant qui aura manqué à sa parole ne comparaîtra pas devant un juge. Là où le trafic est très actif, comme à Londres, le fait seul d’avoir forcé un débiteur à plaider, suffit à l’immense majorité des marchands, pour qu’ils se refusent désormais à traiter d’affaires avec celui qui les aura fait aboucher avec l’avocat.


Mais pourquoi alors, ce qui se fait aujourd’hui même entre compagnons d’atelier, commerçants et compagnies de chemin de fer, ne pourrait-il se faire dans une société basée sur le travail volontaire ?

Une association, par exemple, qui stipulerait avec chacun de ses membres le contrat suivant : — « Nous sommes prêts à vous garantir la jouissance de nos maisons, magasins, rues, moyens de transport, écoles, musées, etc., à condition que de vingt à quarante-cinq ou à cinquante ans, vous consacriez quatre ou cinq