Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/251

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Il débute par la production, l’analyse des moyens employés aujourd’hui pour créer la richesse, la division du travail, la manufacture, l’œuvre de la machine, l’accumulation du capital. Depuis Adam Smith jusqu’à Marx, tous ont procédé de cette façon. Dans la deuxième ou la troisième partie de son ouvrage seulement, il traitera de la consommation, c’est-à-dire de la satisfaction des besoins de l’individu ; et encore se bornera-t-il à expliquer comment les richesses se répartiront entre ceux qui s’en disputent la possession.

On dira, peut-être, que c’est logique : qu’avant de satisfaire des besoins il faut créer ce qui peut les satisfaire ; qu’il faut produire pour consommer. Mais, avant de produire quoi que ce soit — ne faut-il pas en sentir le besoin ? N’est-ce pas la nécessité qui d’abord poussa l’homme à chasser, — à élever le bétail, à cultiver le sol, à faire des ustensiles et, plus tard encore — à inventer et faire des machines ? N’est-ce pas aussi l’étude des besoins qui devrait gouverner la production ? — Il serait donc, pour le moins, tout aussi logique de commencer par là et de voir ensuite, comment il faut s’y prendre pour subvenir à ces besoins par la production.

C’est précisément ce que nous faisons.


Mais dès que nous l’envisageons à ce point de vue, l’économie politique change totalement d’aspect. Elle cesse d’être une simple description des faits et devient une science, au même titre que la physiologie : on peut la définir, l’étude des besoins de l’humanité et des moyens de les satisfaire avec la moindre perte possible des forces humaines. Son vrai nom serait physiologie de la société. Elle constitue une science parallèle à