Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/255

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vue de l’économie des forces dans la satisfaction des besoins, il y gagnerait en netteté, aussi bien qu’en valeur scientifique. Il prouverait jusqu’à l’évidence le gaspillage effrayant des forces humaines par le système actuel, et admettrait avec nous que tant qu’il durera, les besoins de l’humanité ne seront jamais satisfaits.

Le point de vue, on le voit, serait entièrement changé. Derrière le métier qui tisse tant de mètres de toile, derrière la machine qui perce tant de plaques d’acier, et derrière le coffre-fort où s’engouffrent les dividendes, on verrait l’homme, l’artisan de la production, exclu le plus souvent du banquet qu’il a préparé pour d’autres. On comprendrait aussi que les prétendues lois de la valeur, de l’échange, etc., ne sont que l’expression, souvent très fausse, — le point de départ en étant faux, — de faits tels qu’ils se passent en ce moment, mais qui pourraient se passer, et se passeront tout différemment, quand la production sera organisée de manière à subvenir à tous les besoins de la société.


II


Il n’y a pas un seul principe de l’économie politique qui ne change totalement d’aspect si on se met à notre point de vue.

Occupons-nous, par exemple, de la surproduction. Voilà un mot qui résonne chaque jour à nos oreilles.