Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/267

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dans son élan, reprit un nouvel essor, et depuis la deuxième moitié de notre siècle, la France cessa d’être tributaire de l’Angleterre pour les produits manufacturés. Aujourd’hui elle est aussi devenue un pays d’exportation. Elle vend à l’étranger pour plus d’un milliard et demi de produits manufacturés, et les deux tiers de ces marchandises sont des étoffes. On estime que près de trois millions de Français travaillent pour l’exportation ou vivent du commerce extérieur.

La France n’est ainsi plus tributaire de l’Angleterre. À son tour, elle a cherché à monopoliser certaines branches du commerce extérieur, telles que les soieries et les confections ; elle en a retiré d’immenses bénéfices, mais elle est sur le point de perdre à jamais ce monopole, comme l’Angleterre est sur le point de perdre à jamais le monopole des cotonnades et même des filés de coton.


Marchant vers l’Orient, l’industrie s’est arrêtée en Allemagne. Il y a trente ans, l’Allemagne était tributaire de l’Angleterre et de la France pour la plupart des produits de la grande industrie. Il n’en est plus ainsi de nos jours. Dans le courant des vingt-cinq années dernières, et surtout depuis la guerre, l’Allemagne a complètement réformé toute son industrie. Les nouvelles usines sont outillées des meilleures machines : les plus récentes créations de l’art industriel à Manchester pour les cotonnades, ou à Lyon pour les soieries, etc., sont réalisées dans les nouvelles usines allemandes. S’il a fallu deux ou trois générations de travailleurs pour trouver la machine moderne à Lyon ou à Manchester, l’Allemagne la prend toute perfectionnée. Les écoles techniques, appropriées aux besoins de l’industrie, fournissent aux