Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/275

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les économistes nous ont parlé était bonne pour enrichir quelques capitalistes : mais elle n’a aucune raison d’être, et il y a, au contraire tout avantage à ce que chaque pays, chaque bassin géographique, puisse cultiver son blé et ses légumes et fabriquer chez soi tous les produits manufacturés qu’il consomme. Cette diversité est le meilleur gage du développement complet de la production par le concours mutuel et de chacun des éléments du progrès ; tandis que la spécialisation — c’est l’arrêt du progrès.

L’agriculture ne peut prospérer qu’à côté des usines. Et dès qu’une seule usine fait son apparition, une variété infinie d’autres usines de toute sorte doivent surgir autour d’elle, afin que, se supportant mutuellement, se stimulant l’une l’autre par leurs inventions, elles s’accroissent ensemble.


III


Il est insensé, en effet, d’exporter le blé et d’importer des farines, d’exporter la laine et d’importer du drap, d’exporter le fer et d’importer des machines, non seulement parce que ces transports occasionnent des frais inutiles, mais surtout parce qu’un pays qui n’a pas d’industrie développée reste forcément arriéré en agriculture ; parce qu’un pays qui n’a pas de grandes usines pour travailler l’acier, est aussi en retard dans toutes les autres industries ; parce que, en-