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année (103) pour procurer les légumes et les fruits nécessaires à 500 personnes.


Remarquons qu’une production pareille n’est pas l’exception. Elle se fait sous les murs de Paris, sur une surface de 900 hectares, par 5,000 maraîchers. Seulement, ces maraîchers sont réduits à l’état de bêtes de somme, pour payer une rente moyenne de deux mille francs par hectare.

Mais ces faits, que chacun peut vérifier, ne prouvent-ils pas que 7,000 hectares (sur les 210,000 qui nous restent) suffiraient pour donner tous les légumes possibles, ainsi qu’une bonne provision de fruits, aux trois millions et demi d’habitants de nos deux départements ?

Quant à la quantité de travail nécessaire pour produire ces fruits et ces légumes, elle atteindrait le chiffre de 50 millions de journées de cinq heures (une cinquantaine de journées par adulte mâle), si nous prenions pour mesure le travail des maraîchers. Mais nous allons voir tout à l’heure cette quantité se réduire si l’on a recours aux procédés déjà en vogue à Jersey et à Guernesey. Nous rappellerons seulement que le maraîcher n’est forcé de tant travailler que parce qu’il produit surtout des primeurs, dont le prix élevé sert à payer des baux fabuleux, et que ses procédés mêmes réclament plus de travail qu’il n’en faut en réalité. N’ayant pas les moyens de faire de fortes dépenses pour son installation, obligé de payer très cher le verre, le bois, le fer et la houille, il a demandé au fumier la chaleur artificielle que l’on peut avoir à moins de frais par la houille et la serre chaude.