Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/303

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arrosées par les eaux d’égout, l’horticulture maraîchère, enfin le potager sous verre, sont des réalités. Ainsi que Léonce de Lavergne l’avait prévu, il y a trente ans, la tendance de l’agriculture moderne est de réduire autant que possible l’espace cultivé, de créer le sol et le climat, de concentrer le travail et de réunir toutes les conditions nécessaires à la vie des plantes.

Cette tendance est née du désir de réaliser de fortes sommes d’argent sur la vente des primeurs. Mais depuis que les procédés de culture intensive sont trouvés, ils se généralisent et s’étendent aux légumes les plus communs, parce qu’ils permettent de se procurer plus de produits avec moins de travail et plus de sécurité.

En effet, après avoir étudié les abris de verre les plus simples de Guernesey, nous affirmons que, tout compte fait, on dépense beaucoup moins de travail pour obtenir sous verre, en avril, des pommes de terre qu’on n’en dépense pour avoir sa récolte trois mois plus tard, en plein air, en bêchant un espace cinq fois plus grand, en l’arrosant et en extirpant les mauvaises herbes, etc. C’est comme pour l’outil ou la machine. On économise sur le travail en employant un outil ou une machine perfectionnés, alors même qu’il faut une dépense préalable pour acheter l’outil.


Des chiffres complets concernant la culture des légumes communs sous verre nous manquent encore. Cette culture est d’origine récente et ne se fait que sur de petits espaces. Mais nous avons des chiffres concernant la culture, déjà vieille d’une trentaine d’années, d’un objet de luxe, le raisin ; et ces chiffres sont concluants.