Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/58

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Ces organisations libres, variées à l’infini, sont un produit si naturel ; elles croissent si rapidement et elles se groupent avec tant de facilité ; elles sont un résultat si nécessaire de l’accroissement continuel des besoins de l’homme civilisé, et enfin elles remplacent si avantageusement l’immixtion gouvernementale, que nous devons reconnaître en elles un facteur de plus en plus important dans la vie des sociétés.

Si elles ne s’étendent pas encore à l’ensemble des manifestations de la vie, c’est qu’elles rencontrent un obstacle insurmontable dans la misère du travailleur, dans les castes de la société actuelle, dans l’appropriation privée du capital, dans l’État. Abolissez ces obstacles et vous les verrez couvrir l’immense domaine de l’activité des hommes civilisés.


L’histoire des cinquante dernières années a fourni la preuve vivante de l’impuissance du gouvernement représentatif à s’acquitter des fonctions dont on a voulu l’affubler. On citera un jour le dix-neuvième siècle comme la date de l’avortement du parlementarisme.

Mais cette impuissance devient si évidente pour tous, les fautes du parlementarisme et les vices fondamentaux du principe représentatif sont si frappants, que les quelques penseurs qui en ont fait la critique (J. S. Mill, Leverdays) n’ont eu qu’à traduire le mécontentement populaire. En effet, ne conçoit-on pas qu’il est absurde de nommer quelques hommes et de leur dire « Faites-nous des lois sur toutes les manifestations de notre vie, lors même que chacun de vous les ignore » ? On commence à comprendre que gouvernement des majorités veut dire abandon de toutes les affaires du pays à ceux qui font