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Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/71

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Multipliez les exemples, choisissez-les où bon vous semblera : méditez sur l’origine de toutes les fortunes, grandes ou petites, qu’elles viennent du commerce, de la banque, de l’industrie ou du sol. Partout vous constaterez que la richesse des uns est faite de la misère des autres. Une société anarchiste n’a pas à craindre le Rothschild inconnu qui viendrait tout à coup s’établir dans son sein. Si chaque membre de la communauté sait qu’après quelques heures de travail productif, il aura droit à tous les plaisirs que procure la civilisation, aux jouissances profondes que la Science et l’Art donnent à qui les cultive, il n’ira pas vendre sa force de travail pour une maigre pitance ; personne ne s’offrira pour enrichir le Rothschild en question. Ses écus seront des pièces de métal, utiles pour divers usages, mais incapables de faire des petits.


En répondant à l’objection précédente, nous avons en même temps déterminé les limites de l’expropriation.

L’expropriation doit porter sur tout ce qui permet à qui que ce soit — banquier, industriel, ou cultivateur — de s’approprier le travail d’autrui. La formule est simple et compréhensible.

Nous ne voulons pas dépouiller chacun de son paletot ; mais nous voulons rendre aux travailleurs tout ce qui permet à n’importe qui de les exploiter : et nous ferons tous nos efforts pour que, personne ne manquant de rien, il n’y ait pas un seul homme qui, soit forcé de vendre ses bras pour exister, lui et ses enfants.

Voilà comment nous entendons l’expropriation et notre devoir pendant la Révolution, dont nous espé-