Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/93

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à ceux qui l’ont vu à Paris aux journées des barricades, ou à Londres lors de la dernière grande grève qui avait à nourrir un demi-million d’affamés, ils vous diront de combien il est supérieur aux ronds-de-cuir des bureaux !

D’ailleurs, dût-on subir pendant quinze jours, un mois, un certain désordre partiel et relatif, — peu importe ! Pour les masses ce sera toujours mieux que ce qu’il y a aujourd’hui ; et puis, en Révolution on dîne en riant, ou plutôt en discutant, d’un saucisson et de pain sec, sans murmurer ! En tout cas, ce qui surgirait spontanément, sous la pression des besoins immédiats, serait infiniment préférable à tout ce que l’on pourrait inventer entre quatre murs, au milieu des bouquins, ou dans les bureaux de l’Hôtel-de-Ville.


IV

Le peuple des grandes cités sera ainsi amené, par la force même des choses, à s’emparer de toutes les denrées, en procédant du simple au composé, pour satisfaire les besoins de tous les habitants. Plus tôt ce sera fait, mieux ce sera : autant de misère épargnée, autant de luttes intestines évitées.

Mais sur quelles bases pourrait-on s’organiser pour la jouissance des denrées en commun ? Voilà la question qui surgit naturellement.

Eh bien, il n’y a pas deux manières différentes de le faire équitablement. Il n’y en a qu’une, une seule