Page:Kropotkine - La Conquête du pain.djvu/98

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langer, moyennant quelques sous, économisant ainsi son temps et son charbon. Et lorsque la cuisine commune — le four banal de l’avenir — ne sera plus un lieu de fraude, de falsification et d’empoisonnement, l’habitude viendra de s’adresser à ce four pour avoir les parties fondamentales du repas toutes prêtes, — quitte à leur donner la dernière touche, chacun selon son goût.

Mais, en faire une loi, s’imposer le devoir de prendre sa nourriture toute cuite, — ce serait aussi répugnant à l’homme du dix-neuvième siècle que les idées de couvent ou de caserne, idées malsaines nées dans des cerveaux pervertis par le commandement, ou déformés par une éducation religieuse.


Qui aura droit aux denrées de la Commune ? Ce sera certainement la première question que l’on se posera. Chaque cité répondra elle-même, et nous sommes persuadés que les réponses seront toutes dictées par le sentiment de justice. Tant que les travaux ne sont pas organisés, tant qu’on est en période d’effervescence et qu’il est impossible de distinguer entre le fainéant paresseux et le désœuvré involontaire, les denrées disponibles doivent être pour tous, sans aucune exception. Ceux qui auront résisté l’arme au bras à la victoire populaire, ou conspiré contre elle s’empresseront eux-mêmes de libérer de leur présence le territoire insurgé. Mais il nous semble que le peuple, toujours ennemi des représailles et magnanime, partagera le pain avec tous ceux qui seront restés dans son sein, qu’ils soient expropriateurs ou expropriés. En s’inspirant de cette idée, la Révolution n’aura rien perdu ; et lorsque le travail aura repris, on verra les combattants de la veille se rencontrer dans le