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N’en déplaise aux républicains bourgeois modernes, les révolutionnaires de 1789 firent appel aux « auxiliaires compromettants » dont parlait Mirabeau. Ils allèrent les chercher dans les taudis de la banlieue. Et ils eurent parfaitement raison, parce que s’il y eut quelques cas de pillage, ces auxiliaires, comprenant la gravité de la situation, mirent leurs armes au service de la cause générale, bien plus qu’ils ne s’en servirent pour assouvir leurs haines personnelles ou pour alléger leur misère.

Il est aussi certain que les cas de pillage furent très rares. Au contraire, l’esprit des foules armées devint très sérieux lorsqu’elles apprirent l’engagement qui avait eu lieu entre les troupes et les bourgeois. Les hommes à piques se considéraient évidemment

    comte de Salmour, la garde bourgeoise déjà formée commença à désarmer tous les gens sans aveu. C’est leur vigilance et celle des bourgeois armés qui sauva encore Paris cette nuit… La nuit se passa tranquillement et avec beaucoup d’ordre ; on arrêtait les voleurs et gens sans aveu et, pour les cas plus graves, on pendait sur le champ. » (Lettre du comte de Salmour du 16 juillet 1789, Archives de Dresde). Le passage suivant d’une lettre du docteur Rigby, que M. Flammermont donne en note, p. CLXXXIII, et que je traduis textuellement de l’anglais, dit la même chose : « Lorsque la nuit arriva, très peu de gens qui s’étaient armés la veille au soir, étaient visibles. Quelques-uns, cependant, avaient refusé de rendre leurs armes et ils prouvèrent dans le courant de la nuit, combien justes étaient les appréhensions des habitants à leur égard, puisqu’ils se mirent à piller ; mais c’était trop tard pour pouvoir le faire avec impunité ; ils furent vite découverts et appréhendés, et nous apprîmes le lendemain matin que plusieurs de ces misérables, qui avaient été pris sur le fait furent pendus. » (Dr Rigby’s Letters, p. 55 à 57). Quand on a lu ces passages, on ne peut nier qu’il y ait du vrai dans le témoignage de Morellet, d’après lequel « dans la nuit du 13 au 14 des excès furent commis contre les personnes et les propriétés. »