Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/110

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mandant général de cette garde nationale avait été nommé par le Comité permanent dans la nuit du 13 au 14 juillet : ce fut un noble, le duc d’Aumont. Il n’accepta pas, et alors, à son défaut, un autre noble, le marquis de la Salle, nommé commandant en second, prit le commandement.

Bref, pendant que le peuple forgeait les piques et s’armait, pendant qu’il prenait des mesures pour que l’on ne fît pas sortir la poudre de Paris, pendant qu’il s’emparait des farines et les faisait porter aux Halles, ou place de la Grève, pendant qu’il construisait, le 14, les barricades pour empêcher la troupe d’entrer dans Paris, s’emparait des armes aux Invalides, et se portait en masse vers la Bastille, pour la forcer de capituler, la bourgeoisie veillait à ce que le pouvoir n’échappât pas de ses mains. Elle constituait la Commune bourgeoise de Paris, qui chercha à enrayer le mouvement populaire, et à la tête de cette Commune elle plaçait Flesselles, le prévôt des marchands, qui correspondait avec la Polignac, pour entraver le soulèvement de Paris. On sait que le 13, lorsque le peuple vint lui demander des armes, il se fit envoyer des caisses contenant du vieux linge, au lieu de fusils, et le lendemain, il usa de toute son influence pour empêcher le peuple de prendre la Bastille.

C’est ainsi que de la part des meneurs adroits de la bourgeoisie, commençait le système de trahisons que nous verrons se produire durant toute la Révolution.