Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/128

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pas le peuple de garder une attitude de réserve et de méfiance, qui ne disparut même pas après la visite à l’Hôtel de Ville. Roi de la bourgeoisie tant qu’on voudra, mais pas un roi du peuple.

La Cour, de son côté, comprit très bien qu’après l’insurrection du 14 juillet, la paix ne serait jamais faite entre la royauté et le peuple. On fit partir en Suisse la Polignac, malgré les pleurs de Marie-Antoinette, et dès le lendemain, les princes commencèrent à émigrer. Ceux qui avaient été l’âme du coup d’État manqué, — les princes et les ministres, — s’empressèrent de quitter la France. Le comte d’Artois s’échappa la nuit, et il craignait tellement pour sa vie qu’après avoir traversé la ville à la dérobée, il se fit accompagner sur la route par un régiment et deux canons. Le roi promettait de rejoindre ses chers émigrés à la première occasion, et dès lors il fut question du plan de faire fuir le roi à l’étranger, pour qu’il rentrât en France à la tête de l’invasion allemande.

Au fond, le 16 juillet, tout était prêt pour son départ. Le roi devait se rendre à Metz, s’y mettre à la tête des troupes et marcher sur Paris. Les voitures étaient déjà attelées, prêtes à emporter Louis XVI vers l’armée, concentrée entre la frontière et Versailles. Mais Broglie se refusa à conduire le roi à Metz ; et les princes étaient trop pressés de fuir ; sur quoi Louis XVI — plus tard il le dit lui-même, — se voyant abandonné par des princes et des nobles, renonça au projet de résistance armée que lui suggérait l’histoire de Charles Ier. Il alla à Paris faire sa soumission.

Quelques historiens royalistes ont essayé de mettre en