Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/167

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para de l’Assemblée… Et dans cet enthousiasme on ne remarqua même pas la clause du rachat des droits féodaux et des dîmes, que les deux nobles et les deux évêques avaient introduite dans leurs discours : clause terrible, par son vague même, puisqu’elle pouvait signifier tout ou rien, et qu’elle suspendit, nous allons le voir, l’abolition des droits féodaux pour quatre ans, — jusqu’en août 1793. Mais, qui de nous, en lisant le beau récit de cette nuit fait par les contemporains — qui de nous n’a pas été saisi d’enthousiasme à son tour ? Et qui n’a pas passé sur ces traîtres mots de « rachat au denier 30 » sans en comprendre la terrible portée ! C’est aussi ce qui arriva en France en 1789.

Et d’abord, la séance du soir du 4 août commença par la panique, et non pas par l’enthousiasme. Nous venons de voir que nombre de châteaux avaient été brûlés ou pillés pendant les quinze derniers jours. Commencé dans l’Est, le soulèvement des paysans s’étendait vers le Sud, le Nord et le Centre : il menaçait de se généraliser. Dans certains endroits, les paysans avaient été féroces envers leurs maîtres, et les nouvelles qui parvenaient des provinces grossissaient les événements. Les nobles constataient avec terreur qu’il n’y avait sur place aucune force capable de mettre un frein aux émeutes.

Aussi la séance s’ouvrit par la lecture d’un projet de déclaration contre les soulèvements. L’Assemblée était invitée à prononcer un blâme énergique contre les émeutiers et à enjoindre hautement le respect des fortunes, féodales ou non, quelle qu’en fût l’origine, en attendant que l’Assemblée légiférât sur ce sujet.

« Il paraît que les propriétés, de quelque nature