Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/249

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fédération de soixante républiques découpées au hasard dans son territoire ; la Commune est une, elle se compose de l’ensemble de tous les districts… Nulle part on ne trouve d’exemple d’un district prétendant vivre à l’écart des autres… Mais à côté de ce principe incontesté, un autre se dégage… qui est celui-ci : la Commune doit légitimer et administrer elle-même, directement autant que possible ; le gouvernement représentatif doit être restreint au minimum ; tout ce que la Commune peut faire directement doit être décidé par elle, sans intermédiaire, sans délégation, ou par des délégués réduits au rôle de mandataires spéciaux, agissant sous le contrôle incessant des mandants… c’est finalement aux districts, aux citoyens réunis en assemblées générales de districts, qu’appartient le droit de légiférer et d’administrer pour la Commune. »

On voit ainsi que les principes anarchistes qu’exprima quelques années plus tard Godwin, en Angleterre, datent déjà de 1789, et qu’ils ont leur origine, non dans des spéculations théoriques, mais dans les faits de la Grande Révolution.

Plus encore : il y a un fait frappant signalé par Lacroix, – qui démontre jusqu’à quel point les districts savent se distinguer de la Municipalité et l’empêchent d’empiéter sur leurs droits. Lorsque, le 30 novembre 1789, Brissot conçut le plan de doter Paris d’une constitution municipale concertée entre l’Assemblée nationale et un Comité choisi par l’Assemblée des Représentants (le Comité permanent du 12 juillet 1789), les districts s’y opposèrent immédiatement. Rien ne devait être fait dans la sanction directe des districts eux-mêmes (Actes, t. III, p. IV) et le plan de Brissot dut être abandonné. Plus tard, en avril 1790, lorsque l’Assemblée commença la discussion de la loi