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rent jusqu’aux campagnes, la guerre aux seigneurs fut encore plus acharnées, et elle s’étendit dans des régions qui n’avaient pas osé se révolter l’été précédent. Ainsi, à la séance du 5 juin, on apprend les émeutes de Bourbon-Lancy et du Charolais : on y répand de faux décrets de l’Assemblée, on y demande la loi agraire. À la séance du 2 juin, on lit les rapports sur de grandes insurrections en Bourbonnais, en Nivernais, dans le Berry. Plusieurs municipalités ont proclamé la loi martiale : il y a eu des tués et des blessés. Les « brigands » se sont répandus dans la Campine, et ils ont investi en ce moment la ville de Decize… Grands « excès » aussi dans le Limousin : les paysans demandent que l’on fixe la taxe des grains. « Le projet de rentrer dans les biens adjugés aux seigneurs depuis cent vingt ans est un des articles de leur règlement », dit le rapport. Il s’agit, comme on le voit, de la reprise des terres communales, dérobées aux communes par les seigneurs.

Et partout des faux décrets de l’Assemblée Nationale. En mars, en avril 1790, on en a publié dans les campagnes, qui intimaient l’ordre de ne payer le pain qu’un sou la livre. La Révolution prenait ainsi les devants sur la Convention et la loi du maximum.

En août, les insurrections populaires continuent. ainsi, dans la ville de Saint-Étienne-en-Forez, le peuple tue un des accapareurs et nomme une nouvelle municipalité qu’il force à baisser le prix du pain ; mais là-dessus la bourgeoisie s’arme et arrête vingt-deux séditieux. C’est d’ailleurs le tableau de ce qui se passe un peu partout, sans parler des grandes luttes, comme celles de Lyon et du Midi.