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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/336

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blir ses rivaux en se créant parmi eux des partisans avec de l’argent. « L’argent de Pitt » n’était nullement un fantôme. Loin de là ! Avec l’aide de cet argent les royalistes venaient librement de leur centre et dépôt d’armes, Jersey, à Saint-Malo et à Nantes ; et dans tous les grands ports de France, surtout ceux de Saint-Malo, Nantes, Bordeaux, l’argent anglais gagnait des adhérents et soutenait les « commerçantistes » qui se mettaient contre la Révolution. Catherine II de Russie faisait comme Pitt. Au fond, toutes les monarchies européennes se mirent de la partie. Si en Bretagne, en Vendée, à Bordeaux et à Toulon les royalistes comptaient sur l’Angleterre, en Alsace et en Lorraine ils comptaient sur l’Allemagne et dans le Midi sur les secours armés promis par la Sardaigne ainsi que sur l’armée espagnole qui devait débarquer à Aigues-Mortes. Les chevaliers de Malte devaient aussi concourir à cette expédition avec deux frégates.

Au commencement de 1792, le département de la Lozère et celui de l’Ardèche, devenus tous deux le rendez-vous des prêtres réfractaires, étaient couverts d’un réseau de conspirations royalistes, dont le centre était Mende, petite ville perdue dans les montagnes du Vivarais, où l’état d’esprit était très arriéré et où les riches et les nobles tenaient en leurs mains la municipalité. Leurs émissaires parcouraient les villages des alentours, enjoignant aux paysans de s’armer de fusils, de faux et de fourches, et d’être prêts à accourir au premier appel. Ainsi se préparait le coup de main, à l’aide duquel on espérait soulever le Gévaudan et le Velay et obliger le Vivarais à marcher à leur suite.