Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/357

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tion, pourvu que celle-ci permît aux bourgeois de partager le pouvoir avec la royauté et la Cour.

L’armée, commandée par des hommes comme Lafayette et Luckner, pouvaient être entraînée à chaque instant contre le peuple. Après le 20 juin, on vit en effet Lafayette quitter son camp et accourir à Paris, pour y offrir au roi l’appui de « son » armée contre le peuple, pour dissoudre les sociétés patriotiques, et faire un coup d’État en faveur de la Cour.

Et enfin, le régime féodal, nous l’avons vu, restait encore debout légalement, de par la loi. Si les paysans ne payaient plus les redevances féodales, — au yeux de la loi ce n’était qu’un abus, — que demain le roi regagne son autorité, et l’ancien régime viendra forcer les paysans à tout payer, tant qu’ils ne seront pas rachetés des griffes du passé, à tout restituer de ce qu’ils ont saisi ou même acheté de terres.

Il est évident que ce provisoire ne pouvait être toléré plus longtemps. On ne vit pas indéfiniment avec une épée suspendue sur sa tête. Et puis, le peuple, avec son instinct si juste, comprenait parfaitement que le roi était de connivence avec les Allemands qui marchaient sur Paris. À cette époque, on ne possédait pas encore la preuve écrite de sa trahison. La correspondance du roi et de Marie-Antoinette avec les Autrichiens n’était pas encore connue ; on ne savait pas au juste comment ces traîtres pressaient les Autrichiens et les Prussiens de marcher sur Paris, les tenaient au courant de tous les mouvements des troupes françaises, leur transmettaient immédiatement tous les secrets militaires et livraient la France à l’invasion. On n’apprit tout cela, et