Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/408

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par un second décret elle ordonna qu’à compter de ce jour tous les actes publics seraient datés de l’An premier de la République.

Trois partis, bien distincts, se rencontrèrent dans la Convention : la Montagne, la Gironde et la Plaine ou plutôt le Marais. Les Girondins, quoique moins de deux cents, dominaient. Ils avaient déjà fourni au roi, dans la Législative, le ministère Roland, et ils briguaient la réputation « d’hommes d’État ». Composé d’hommes instruits, élégants, fins politiciens, le parti de la Gironde représentait les intérêts de la bourgeoisie industrielle, marchande et foncière, qui se constituait rapidement sous le nouveau régime. Avec l’appui du Marais, les Girondins furent d’abord les plus forts, et c’est parmi eux que fut pris le nouveau ministère républicain. Danton, seul, dans le ministère arrivé au pouvoir le 10 août, avait représenté la révolution populaire : il donna sa démission le 21 septembre et le pouvoir resta aux mains des Girondins.

La Montagne, composée de Jacobins, comme Robespierre, Saint-Just et Couthon, de Cordeliers, comme Danton et Marat, et appuyée par les révolutionnaires populaires de la Commune, comme Chaumette et Hébert, ne s’était pas encore constituée comme parti politique : cela ne se fit que plus tard, par les événements mêmes. Pour le moment, elle ralliait ceux qui voulaient marcher de l’avant et faire aboutir la Révolution à des résultats tangibles, c’est-à-dire, détruire la royauté et le royalisme, écraser la force de l’aristocratie et du clergé, abolir la féodalité, affermir la République.

Et enfin la Plaine, ou le Marais, c’étaient les indécis,