Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/430

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qu’ils étaient par les Girondins pour leur manque de respect des propriétés ; soit que les idées de la Révolution n’eussent pas trouvé l’appui nécessaire en Belgique, où elles n’avaient pour elles que les prolétaires, et où toute la bourgeoisie aisée et la puissance formidable des prêtres se dressaient contre elles — toujours est-il que la révolution, qui eût pu solidariser les Belges et les Français, ne s’accomplit pas.


Avec tous ces succès et ces victoires, il y avait de quoi griser les amoureux de la guerre, et les Girondins triomphaient. Le 15 septembre, la Convention lançait un décret par lequel elle défiait toutes les monarchies et déclarait que la paix ne serait conclue avec aucune des puissances tant que leurs armées n’auraient pas été repoussées du territoire de la République. Cependant, la situation à l’intérieur se présentait sous un aspect assez sombre, et au dehors, les victoires mêmes de la République ne faisaient que sceller l’union entre toutes les monarchies.

L’invasion de la Belgique décida du rôle de l’Angleterre.

Le réveil des idées républicaines et communistes chez les Anglais, qui se traduisit par la fondation de sociétés républicaines et qui trouva en 1793 son expression littéraire dans le remarquable ouvrage communiste-libertaire de Godwin (De la justice politique), avait inspiré aux républicains français et surtout à Danton l’espoir de trouver appui dans un mouvement révolutionnaire anglais[1]. Mais, les intérêts industriels et marchands

  1. On ne connaît pas encore la teneur des pourparlers de Brissot en Angleterre en janvier 1793, avant l’exécution du roi. Sur ceux de Danton, voyez Georges Avenel, Lundis révolutionnaires, 1875, pp. 248 et suivantes, et Albert Sorel, L’Europe et la Révolution française.